Luz y Sombra

Sofiane

(Léonie Barbot- Fingers crossed)

Et j’ai revu Sofiane. Je l’ai revu la semaine dernière quand il était à Paris. Je l’ai revu lundi, et puis mercredi soir… jusqu’à jeudi midi.
Court mais intense. Il est presque l’inverse de ce que je m’étais imaginé.
J’avais brièvement parlé de lui dans cet écrit : Normandie du 6 avril 2021.

Sofiane était un client à moi que j’avais massé pour la première fois en juin 2019. J’avais immédiatement été touchée par lui; sa douceur, son respect, sa gentillesse, ses mains, son joli corps de félin, ses tatouages et surtout, surtout, sa musique. Un guitariste. Un guitariste de jazz manouche. Le comble de la poésie (juste après le Flamenco, mais quand même ! ) Le jazz manouche c’est toute ma jeunesse. C’est le festival Django Reinhardt à Samois sur Seine avec les copains, c’est Les yeux noirs (première mélodie que j’ai appris à jouer sur ma guitare), c’est, encore, cette immense affiche du film Swing de Tony Gatlif dans ma chambre de jeune fille....
Et tout à coup, comme un coup frappé à la porte de ma mélancolie, ce garçon étrange avec sa guitare sur le dos, qui vient se faire masser par moi. Ce garçon étrange qui porte avec lui cette poésie désuète, comme sorti du siècle précédent. Avec : sa moustache et ses yeux noirs. Avec son grand corps de félin où courent des veines puissantes comme les embouchures d’un delta.

(Métaphore qui me renvoie à mon actuelle infection urinaire haute, conséquence directe de ma nuit avec ledit delta...)

Par la suite, il est revenu deux fois se faire masser. Et moi j’aimais toucher ses mains, ses cuisses, son ventre...
Bien sur, il n’y a jamais eu de geste déplacé, ni de sa part ni la mienne. Et finalement, la dernière fois qu’il est venu, il m’a annoncé qu’il partait vivre dans le Sud (à Marseille), et je me suis sentie déçue, attristée. Mince, je ne l’aurai jamais eu cette occasion de lui proposer un café ! Le dernier regard qu’on a échangé, je m’en souviens : il était dehors et moi à l’accueil de mon lieu de travail, nos regards se sont croisé avec ce qu’il faut de regret et d’envies tues. Ce qu’il faut pour rester en alerte et se dire "ceci n’est pas terminé".
C’était en mai 2020.
Et je l’ai revu en septembre 2021…

Tout s’est accéléré cet été. Bien sur, grâce aux réseaux sociaux, nous sommes restés plus ou moins en contact tout ce temps. On s’épiait l’un l’autre sur Insta et Facebook. Je fantasmais sur lui, parfois même, j’avais rêvé de lui. Souvent dans mon lit, lors des absences de Papillon, je me prenais à penser très fort à Sofiane. Humide dans mon lit je songeais à : ses airs de guitare. Je songeais à son appartement à Marseille, à cette photo de Django posée sur sa cheminée, à ses draps dans lesquels je brûlais de m’enrouler : dans son odeur que je connaissais déjà un peu. (Je la connais maintenant, mêlée à la mienne, et je n’ai qu’une envie : m’y replonger).
Certains de mes haïkus étaient pour lui. Celui-ci par exemple :

Mes courbes sous tes doigts-
comme si j’étais ta guitare
fais les onduler

Mais je m’égare. Tout s’est accéléré cet été donc. Au mois d’août précisément. Je suis allé passer 3 semaines dans l’appartement de papa en Vendée au bord de la mer. Fany est venue me rejoindre la deuxième semaine (celle où il a fait beau et chaud tous les jours...)
Le vendredi 13 août, j’ai posté en story une photo de moi en maillot de bain sur la plage. Le soir, après avoir fait je ne sais plus quoi avec Fany, j’ai vu que Sofiane avait répondu à cette story sur Messenger.
Juste quelques mots : Beauté de toi...
Mais j’ai compris : qu’il avait ouvert une porte. Qu’on pouvait, enfin, démarrer cette séduction étouffée qui brûlait en nous depuis le début. Et puis cette évidence, cette attirance à la fois physique mais aussi puissamment énergétique, comme issue d’une dimension spirituelle qui nous échappait un peu.
Beauté de toi...
Après moultes tergiversations, verres de Troussepinette (spécialité vendéenne) et petits cris d’excitation en tous genres, j’ai opté pour une réponse sobre et entrouverte:
Venant de toi ça me touche...
(Notez les nombreux points de suspension, significatifs des débuts de flirts.)
Au fil des jours, nos discussions se sont faites aveux, toujours plus enhardis. Aveux d’attirance, de fantasmes, de rêves, d’envies, de désir, de sentiments troubles… Je lui ai écrit un poème qui l’a beaucoup touché. Sa réponse m’a, littéralement, jeté dans la passion de lui. M’a littéralement enflammé le ventre. J’avais des vagues et des noeuds. J’étais stone de lire ses mots. Chaque nuit, je me caressais en pensant à lui. Et presque chaque matin, je le lui avouais, à demi-mots. Et lui aussi.

(Certains de ses messages étaient, à mon sens et à celui de Fany, des déclarations d’amour.)

Sur la plage, incapable de faire autre chose que de penser à lui, je lisais ses mots; J’ai envie de te faire l’amour au soleil, de te pénétrer lentement, tu es divine...
Tu es divine Anne...
Et moi, je lui disais à quel point j’avais envie de le sentir en moi, puis j’allais nager dans l’eau fraiche en contemplant le soleil et les goélands.
Dans la cuisine, en me servant fébrilement un verre de vin, je lui ai écrit que j’avais cette envie douloureuse qu’il vienne défaire, un à un, les noeuds que j’avais dans le ventre. J’étais comme sonnée, droguée, ivre avant le vin.
Et puis, il me l’a dit. Il m’a dit qu’il viendrai, défaire un à un, les noeud que j’avais dans le ventre.

Et puis il a fallu rentrer. Quitter cet été de soleil, de mer et d’amour grandissant et d’amour : différent.
Reprendre le travail. Impatiente de pouvoir enfin le toucher comme j’avais vraiment envie de le toucher.
Il est arrivé à Paris le 11 septembre, et ce matin là, Papillon m’a fait l’amour divinement. Comme s’il savait… J’ai joui très fort, dans l’amour de Papillon. Et : avec cette certitude nouvelle que je pouvais aimer différemment ailleurs.

To be continued…