Sofiane , 2ème partie
(Mourir vieux, Tim Dup)
Il pleut. Léger orage. Papillon a entamé hier la tournée du chanteur Tim D… de qui il est le bassiste. Une date dans le nord de la France et ce soir une date à Bruxelles. Une tournée de 3 mois. C’est génial pour lui. çA lui avait tellement manqué.
Je crois que mes reins commencent à aller mieux. Même si je crois aussi qu’en plus de l’infection j’ai des calculs.
L’orage s’intensifie. Ainsi que la pluie. Je voudrais écrire ça à Sofiane : que j’aimerai l’écouter avec lui. Mais je ne peux pas. Je n’ose pas. Depuis notre rendez-vous, il a pris ses distances. Pas seulement géographiques. Il ne m’écris plus. Se contente de répondre de façon laconique à mes messages déjà bien épurés. Quel contraste avec cet été ! Cela me rend triste. Désoeuvrée. Avec toute cette énergie amoureuse qui fourmille et dont je ne sais pas quoi faire.
A sa distance, je vois deux raisons:
-Il s’est emballé comme un fou. Il m’a fantasmé comme jamais. Et la réalité l’a déçu. Après m’avoir baisé toute une nuit et une grande partie de la matinée, le soufflé est retombé. Et ce mois d’échanges intenses et passionnés n’était en fait qu’un long mois de préliminaire avant un coït qui l’a totalement désintéressé de moi. C’est décevant. çA me fait mal. Et c’est étrange d’envisager que lui, il peut être comme ça en fin de compte.
-Le fait que j’ai un copain l’a refroidi. Après tout, quand on s’est vu, il pensait que c’était terminé. J’ai bien vu que ça l’avait meurtri. Frustré. Alors maintenant il se tient à distance, tout en sachant qu’il ne peut qu’être mon amant et qu’à ce titre, il me reverra en novembre. Basta
Dans tous les cas ça finit mal, comme chanterai Dadju.
Dans tous les cas, moi ça me fait mal.
Si mal que j’en suis malade physiquement. Oh ! Cette impression désagréable d’être Madame de Tourvel...
Les reins.
Voyons ce que nous dit Michel Odoul, maître Shiatsu français, sur cette partie du corps dans son livre indispensable Dis-moi où tu as mal je te dirai pourquoi
"Les maux des reins
Ils nous parlent de nos peurs. Qu’elles soient profondes et essentielles (la vie, la mort, la survie) ou bien en relation avec le changement. Les problèmes rénaux peuvent signifier que nous avons de la difficulté à lâcher sur des habitudes ou des vieux schémas de pensée ou de croyance. Cette résistance au changement peut être due soit à des peurs, à une insécurité, soit à un refus de bouger, à un entêtement sur des croyances profondes que nous refusons d’abandonner, bien que tout semble nous y amener pour ne pas dire forcer. Cette cristallisation sur de vieux schémas peut aller jusqu’à se traduire par une cristallisation équivalente au niveau des reins (calculs). Ces maux s’accompagnent aussi souvent de tensions, voire de douleurs au niveau lombaire. (...)"
Les maux de la vessie
Ils sont le signe de nos difficultés à évacuer nos "eaux usées", c’est à dire nos vieilles mémoires qui ne sont plus satisfaisantes. Croyances anciennes, vieilles habitudes, schémas de pensée inadaptés à la situation présente sont autant de ces "mémoires" qui "intoxiquent" notre esprit, comme les toxines le font pour le corps. ...
L’orage s’est tu. Mais pas mes reins. Mais pas ma tristesse ni ma déception.
Que me dis Michel Odoul ? Il me dit que je souffre car je refuse de lâcher prise sur des schémas erronés avec lesquels je me suis construite et dévaluée. Et c’est vrai. Dés que nous nous sommes quitté jeudi midi dernier avec Sofiane, j’ai eu peur. Peur qu’il me rejette. Peur qu’il m’oublie. Peur qu’il change d’avis. Peur qu’il ait été déçu. Et pourquoi cette peur ? En quoi ça me concerne ? En quoi ç’est mon problème si il change d’avis ? C’est entre lui et lui. Ma valeur ne se mesure pas à ce qu’un homme pense de moi!
Mon vieux schéma de croyance c’est celui là; je crois que ma valeur réside dans l’admiration et le désir que me portent les hommes que moi j’admire ! Depuis toujours. Leurs regards me donnent vie. Si je n’ai plus ce regard, je disparais.
Quelle bêtise et quelle tristesse. (écris t-elle vivement tout en regardant frénétiquement si Sofiane a répondu à son dernier message...)
C’est ça que je veux changer. Travailler. Vaincre.
C’est pour ça que mon corps m’a terrassé, m’a forcé à garder le lit, enfiévrée et les reins en compote. Pour que je prenne conscience de ça.
Je ne peux pas continuer, mon bonheur et ma confiance en moi ne peuvent pas continuer, à dépendre ainsi du bon vouloir d’un homme, aussi merveilleux et aussi perché soit-il. Aussi talentueux et brillant soit-il. Je vais faire ma Carrie Bradshaw mais, s’il n’est pas capable de voir à quelle point je suis brillante, il n’en vaut pas la peine.
La personne qui sait voir ça, elle est déjà dans ma vie. Papillon. Il est mon socle (comme Sofiane l’a d’ailleurs très bien analysé). Mais malheureusement, avec ma folie des grandeurs, ça ne suffit pas. Son seul regard ne suffit pas.
(Le seul regard qui devrait suffire est le mien.)
Ce besoin d’être vue et aimée. Par des musiciens, toujours par des musiciens. Qu’est ce que ça dit de moi ?
Ce que je constate, aussi, c’est que cette introspection forcée m’est tombée dessus pile-poil à l’équinoxe d’automne. La saison, justement, de l’introspection, du bilan, du tri, du nettoyage...
C’est incroyable comme les choses, chez moi, se manifestent avec des correspondances énergétiques fortes ! Je pense à deux équinoxes de printemps où j’ai vécu des libérations (celle, en 2017, via mon avortement et cette de cette année, quand on m’a retiré mes attelles.) L’équinoxe de printemps est celle de la libération, du retour à la lumière, de l’envol…
Tiens, Sofiane vient juste de s’abonner à mon compte Instagram de haïkus, et mon coeur vient de s’emballer, ma température de monter d’un coup...
Il va découvrir ce que j’ai écris en pensant à lui.
Il va : me donner de la valeur.