Luz y Sombra

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février 2021

L'Amant(e)

Je rêvais de l'Amant, du Mekong, du soleil. De l'amour l'après-midi dans une garçonnière de Saigon. Je rêvais de l'Amant et finalement l'amant c'est moi. Je n'ai jamais pensé que ça m'arriverait. Que c'était fait pour moi. Que j'étais faite pour ça. Imaginé oui. Je l'ai imaginé; une pointe d'excitation dans le ventre et du découragement dans la tête à l'idée de tous les soucis que ça engendrerait: les mensonges par omission, la dissimulation, le temps qu'il faut trouver, les messages envoyés à la va vite... Pas fait pour moi. Mais l'année, terriblement longue et ennuyeuse, (...)

L'Amante (deuxième partie)

16/01/21 (suite) La chambre est froide. Les rideaux tirés. Une neutralité dont Edward Hopper se serait emparé. C'est plutôt une suite; une salle à manger/salon/cuisine avec un petit canapé rouge et, séparée par une verrière, une chambre que j'ose à peine regarder. Un lit que je n'ose pas voir et qui me rappelle pourquoi je suis là, pourquoi je l'ai emmené lui, dans ce temple des amours anonymes. On enlève: bonnets, masques, gants, manteaux, chaussures et écharpes. C'est tout pour l'instant. Je propose un thé. Il y a une machine à thé. On s'assoit à la petite table. Je sais (...)

L'Amante (troisième et dernière partie)

Qu'est ce que la déconstruction ? C'est l'acte de déconstruire tout ou une partie de ce sur quoi on a bâti notre identité, notre personnalité, notre idée de nous même. C'est démonter, pièce par pièce, le personnage que l'on a créé afin de révéler, à soi et au monde, l'être que l'on est vraiment; libéré de la prison qu'on a érigé autour de soi, à grands renforts de convictions, de fausses croyances et d'injonctions en tout genre. C'est s'affranchir de "la cage mentale" (Expression de Wendy Delorme dans Insurrections! En territoire sexuel, que je n'ai pas lu mais dont j'ai (...)

Frida Kahlo

Ca y'est, j'en sais plus sur mes poignets. Et ce n'est pas une entorse. Non. Quand j'ai glissé sur cette plaque de verglas mercredi 10 février, et que je suis tombé avec cette violence inouïe qui m'a fait vomir, je me les suis cassé. Cassé. Moi qui suis masseuse et dont les mains sont les précieux outils de travail. Cassé. Cassés, mes poignets. Mes radius plus précisément. J'ai appris ça l'autre soir, après avoir passé un scanner, une semaine après ma chute. Il existe une symétrie en toute chose, c'est fabuleux: je me suis cassé les deux radius au même endroit. Comme ça pas (...)

La mère

Quand j'avais 15 ans, ma mère me tannait pour que je lise La mère, de Pearl Buck. Bien entendu, il en était hors de question. Tout ce que me suggérait ma mère, je le rejetais avec la méticulosité d'un horloger. Dans un effort méthodique, constant et je dois dire efficace pour m'affranchir et m'affirmer. Elle m'avait même conseillé d'en parler à ma professeure de français, Madame J. que j'idolâtrais et qui me rendais assez bien l'admiration que je lui portais. (J'étais sa meilleure élève). Pensant que si la suggestion venait d'elle, j'accepterai alors de me lancer dans la (...)

Le sang(-papier)

Pas d'alcool. Plus de café. L'ennui. C'est le dernier jour de février. Tant mieux. Je n'affectionne pas particulièrement ce mois. Je le trouve trop court. J'aime les mois longs. Ceux où il y a beaucoup de jours. Qui donnent l'impression que la vie est longue. Février me rappelle trop, par sa fugacité, que la vie n'est pas longue en fin de compte. Hier, Fany est passé à la maison. On a parlé d'Alejandro. C'est triste et morne, cette idée que c'est surement fini. Ces journées à l'hôtel, finies. Cet érotisme enivrant, fini. Ces rencontres attendues impatiemment et ce sexe (...)