Prendre son temps
Il est finalement parti de chez moi à 8h30 ce matin. Bon. Pour la question de prendre mon temps avec lui, on repassera...
Je ne pensais pas qu’on passerait la nuit ensemble. Pas aussi vite. Mais ça s’est fait naturellement.
D’abord il y a eu le cinéma. Un film mexicain plutôt violent sur le bizutage dans la sphère militaire. (Selon moi très inspiré de Full Metal Jacket). Une scène absolument affreuse concernant un chien, prétexte pour me prendre dans ses bras. Après le cinéma, le Roof Top sur la Canebière. Il était déjà 23h30. À la question de savoir quel était son Disney préféré, j’ai pensé très fort "Le livre de la Jungle ! Réponds Le livre de la Jungle s’il te plaît ! Parce que c’est mon Disney préféré et si c’est le tien aussi, ce sera un bon signe!" Et, après quelques secondes d’hésitation, il m’a répondu :"Le livre de la Jungle!". J’ai poussé un petit cri d’enfant émerveillé.
Il m’a demandé, avec cette douceur presque féminine qu’il dégage, s’il pouvait m’embrasser. J’ai dit oui.
Puis, on a remonté la Canebière jusqu’aux Réformés. Il m’a demandé ce que je préférais, je lui ai dit de venir chez moi. Juste comme ça. Naturellement. Spontanément. (Ismael, jamais, n’est venu chez moi. Je ne l’ai jamais invité.) On a pris le métro, on s’est trompé de sens. Avec beaucoup de chance on a réussi à avoir le dernier train en sens inverse. Et pour la première fois à Marseille, j’ai fais pénétrer quelqu’un chez moi. Lui.
Il a été comme je l’imaginais. D’une douceur extrême. D’une prévenance que je ne peux qu’imaginer chez un homme déconstruit, ou en train de l’être. D’une tendresse sidérante. Cette tendresse je ne l’ai connu que chez Papillon quand nous en étions déjà à l’amour. Un déshabillage maladroit. Des rires timides (on a beau avoir presque 40 ans, on reste des enfants). La lueur des bougies, les fenêtres ouvertes, la playlist de circonstance et nos gémissements. (C’est sur que les voisins nous ont entendus.) J’avais seulement les seins dénudés quand il m’a dit "Tu es sublime Anne". Et nos caresses ont durées toute la nuit. Ou presque. J’ai l’impression d’avoir été caressée, abreuvée de tendresse, jusqu’au matin. Et dans ses bras je me suis endormie en paix. (Ce qui n’a jamais été le cas avec Ismael). Finalement, j’avais l’impression d’être à ma place, dans ses bras, dans mon lit. En une seule (courte) nuit, je me suis sentie à ma place avec lui, ce qui n’est jamais arrivé au fil de la dizaine de nuits que j’ai passé avec Ismael, durant lesquelles je me sentais agitée, de trop, en demande de quelque-chose.
S. est très différent des hommes que j’ai connu. Je sens qu’il a véritablement déconstruit une masculinité encombrante, qu’il assume sa part féminine, qu’il est profondément respectueux.
Oui, il me rend moins folle de désir, moins exaltée qu’Ismael. Mais en fait, je crois que c’est bon signe...
On se voit mercredi pour une expo.
Et la bonne nouvelle du jour, c’est que Lou revient vivre en France après presque une décennie en Amérique latine. Lou, mon amie d’enfance… Quelle joie…
(Quand j’ai dit à Fany que je l’avais invité chez moi alors qu’Ismael jamais, elle m’a répondu que mon instinct savait...)