Ken
Mais j’ai tellement peur qu’il veuille juste me ken.
On parle souvent de ça avec So., elle aussi fraîchement célibataire après une longue relation (17 ans et un enfant pour elle).
Elle me faisait part hier soir d’à quel point elle se sent mal dans sa peau, pas sexy, pas belle, pas désirable et juste utilitaire pour les hommes. Ça m’a fait mal au coeur. Mais ses parents ne l’ont jamais regardé avec les yeux émerveillés qu’avaient les miens sur moi. Et surtout pas sa mère. Quant aux peu d’hommes qu’elle a eu, ils ne l’ont jamais valorisé ni admiré, contrairement à Papillon et avant lui J., pour qui j’étais la plus belle femme du monde, la plus brillante aussi. Alors forcément, ça n’aide pas à se construire avec confiance, avec une bonne image de soi. J’ai eu cette chance, même si aujourd’hui ma maman n’est plus là. Tandis que So. a été négligée sur ce plan là, le plan de l’image, de l’estime de soi. Elle le mérite tellement pourtant.
Je l’ai rassuré comme j’ai pu. On s’est dit qu’on s’aimait. On a chouiné un peu. Des meufs quoi.
À mon tour je lui ai fait part de mes craintes : parce-que je sais que je suis belle et comment les hommes me regardent, j’ai cette peur continuelle qu’ils ne veuillent que me baiser. Qu’ils ne voient rien d’autre que ça, mon visage, mon corps, ma baisabilité encore au top. Ça me terrifie, ça me diminue. J’ai peur d’être à leurs yeux le trophée de plus.
C’est pourquoi quand un homme comme S. s’intéresse à moi, je me méfie. Il est beau, intelligent, cultivé, charismatique, plutôt aisé financièrement, il peut avoir qui il veut. Pourquoi moi ?
Les filles me disent que ses intentions ont l’air sincères. Qu’il a l’air de s’intéresser vraiment à qui je suis. Mais je doute tellement. Et je crains que cela ne se voit d’une manière ou d’une autre et que ça le fasse fuir.
(Je me suis pris une telle claque avec Ismael, même si maintenant il m’indiffère.)
L’orage s’est tu. Mais j’aurais bien aimé qu’il continue.