Fête des mères
Ce matin, dimanche, je suis pleine de "et si".
Et si elle était encore là, quel cadeau lui offrirai-je ?
Et si elle était encore là, est-ce qu’elle serait fière de moi ?
Et si elle était encore là, elle me dirait quoi ?
Et si elle était encore là, moi j’en serai où ?
Ma vie se serait-elle déroulé comme ça ? Serai-je célibataire à Marseille aujourd’hui ? Ou bien mariée et mère de trois enfants ailleurs ?
À quel point la mort prématurée d’un parent influe t-elle sur notre destin ?
Quelque-part dans un appartement résonne "Emmenez-moi" de Charles Aznavour. Elle adorait cette chanson. Elle adorait Charles Aznavour. J’entends encore sa voix chanter les paroles en bas dans le salon, sa voix qui traversait le plafond et remontait jusqu’à ma chambre.
Jour de ménage. Un lundi de vacances scolaires surement.
Dans le métro vendredi matin, tandis que je me rendais à mon rendez-vous avec Mehdi, je regardais mon visage dans mon miroir de poche (celui à l’effigie de Marie-Antoinette) quand le monsieur assis à côté de moi m’a dit "Arrêtez de vous regarder ! Soyez-naturelle c’est tout ! Vous êtes très belle!" Je me suis sentie rougir. Je lui ai dit merci. "C’est vrai, il a dit, sans arrière pensée aucune ! Vous êtes belle comme tout et avec beaucoup de charme en plus!"
C’était adorable de sa part. C’est bête mais ça m’a fait du bien. Je crois qu’elle m’a donné ça, ce naturel dont un jour on m’a dit (Sofiane) qu’il était désarmant.
Je lui offrirai un livre je pense. Un coup de coeur récent peut-être, comme le tome 1 de la saga des Cazalet. Ou Trois jours à Oran, d’Anne Plantagenet, pour le clin d’oeil à mon père.
Elle serait fière de moi je crois. De la jeune femme honnête que je suis devenue.
Elle me dirait surement "Je suis contente, je t’ai bien réussi!" avec son sourire débordant d’amour et de tendresse. Comme cette fois où, à l’âge de 14 ans je m’observais en maillot de bain et qu’elle m’avait dit ça, qu’elle était heureuse, qu’elle m’avait bien réussi.
J’en serai peut-être un peu plus loin dans ma vie. J’aurai eu plus d’assurance et j’aurai fait des choix différents.
Ce dont je suis sure, c’est qu’elle aurait adoré Papillon. Elle l’aurait aimé comme un fils. (Et je sais qu’il l’aurait aimé aussi.)
Mon plus grand regret, c’est qu’il n’ait pas connu ma mère.
Et si elle était encore là, Papillon et moi serait-on encore ensemble ?