Des fous rires
La soirée cumbia hier était exceptionnelle. Je n’avais pas dansé, transpiré, kiffé comme ça depuis très longtemps. Le groupe était bon, l’ambiance hyper festive, les gens sympas. Tout le monde dansait. Il faisait une chaleur monstrueuse dans la salle. Cela m’a ramené au Mexique, des années en arrière. Cette époque de ma vie où je ne vivais que pour danser dans des boîtes latines, encerclée par des beaux garçons aux cheveux noirs que je pouvais tous avoir si je le voulais. Et je crois qu’en cumbia, je ne me suis pas trop mal débrouillée.
(Mais : j’aurais tellement aimé que S. soit là.) Mais : j’aurai tellement voulu que Papillon soit là… Dans cette foule moite et alcoolisée, mes yeux le cherchaient dans toutes les peaux noires qu’ils apercevaient. Comme une chienne, mon flair, alerte, était à la recherche de son odeur. Il y a bien eu un homme, caribéen aux yeux bridés comme Papillon, qui a attiré mon regard. Et mon coeur s’est serré. Il m’a repéré aussi. Quelques secondes qui m’ont paru très longues, nous nous sommes arrêtés de danser et nous nous sommes fixés du regard avec une intensité sexuelle. Puis une femme, très en demande, puant l’envie de se faire prendre, lui a sauté dessus. Je crois que, s’il était venu me parler, je lui aurai demandé si cette nuit, il pourrait s’appeler Papillon. Tristesse infinie.
Je suis rentrée à pieds. Et j’ai oublié cet homme.
Aujourd’hui au travail, nous avons enchaîné les fous-rires avec les filles. À se faire mal au ventre. Heureusement que j’ai ça.
Ce soir, la chaleur est presque suffocante à Marseille. Orageuse. J’ai une envie folle de S. De faire courir mes mains, mes lèvres, sur sa peau. De faire glisser mes doigts dans ses longs cheveux. Mais il est à Paris. Il revient demain à Marseille.
(J’espère que demain à cette heure-ci nous serons ensemble).
Mais toujours, cette peur terrible qu’il ait changé d’avis.