Il pleut. J’ai vu deux fois le petit rouge-gorge que j’aime tant. Il s’est posé en face de la chambre sur le muret du jardin. Est-ce le même d’une année sur l’autre ? J’ai sans cesse cette impression qu’il me dit "tout ira bien".
Je vais rester à la maison et tenter de prendre soin de moi. Et de penser à moi. Et pas à Yassine, aux hommes en général et aux angoisses que cela me créé. J’ai, en apéritif, piqué un peu de whisky japonais à mon père. Depuis que Papillon lui en a offert au printemps 2023, papa ne jure que par celui-ci. À peine une gorgée, et il me monte déjà à la tête. Je suis au delà de la fatigue.
J’ai décidé, après un déclic, de prendre du recul et d’être plus légère avec Yassine. On verra bien comment se poursuivent nos échanges depuis qu’on s’est vu en vrai. Il est bien arrivé à Oran hier. Le déclic, ça a été mon coeur qui se serre face à son dernier message hier soir, que j’ai trouvé assez froid. Ce matin, je me suis dit Stop ! Tu arrêtes de souffrir là ! Artémis, So et Fany m’ont bien aidé. Hier soir également, énorme crise de fou rire, incontrôlable, face à la découverte du profil de Sélim sur un site de rencontre. (Il ne perd pas de temps, lui qui m’en a fait perdre pas mal...)
Sur la plage avant-hier, j’ai vu en marchant un petit papillon blanc à plat à mes pieds. Je me suis dit qu’il était blessé et certainement en train de mourir. Je l’ai pris sur mon doigt afin qui ne se fasse pas écraser. Au bout de quelques instants, il s’est envolé dans le soleil. Quelle joie j’ai ressenti. Puis, je me suis assise sur une dune pour observer la marée montante. Il y avait ces petits oiseaux adorables qui fuient quand l’écume se répand sur le rivage puis reviennent en courant picorer ce que la mer a laissé à leur porté. J’ai oublié leurs noms. Mais je les adore. Ils étaient six. (Et non pas dix).
Ma douleur intercostale ne passe pas, c’est même pire qu’au début. Je crois vraiment que Y m’a froissé un muscle en me serrant ainsi dans ses bras. Côté gauche, côté du coeur… N’est-ce pas là pas un signe que ce garçon va me briser le coeur ? Je le veux dans ma vie car il est aussi ma porte d’entrée en Algérie, où de plus en plus je souhaite me rendre, sur les traces de ma grand-mère. La filiation m’obsède. De plus en plus.
Artémis pense que ce mec est un filou. Il est surement un peu filou. Mais qu’est-ce qu’il est délicieux ! J’ai mis en story une photo de lui et moi sur mon Instagram, dans le seul but que Sélim la voit et se sente dégoûté. Après je l’enleverai.
Bon, je vais manger et arrêter de penser à lui !