Un iguane jaune
Ça y’est, il fait froid sur Marseille. Je crois qu’hier était la dernière journée de ce qu’on pourrait appeler un été indien tardif. J’ai pu me baigner dimanche, une dernière fois. Mais l’eau était plus froide, et mon coeur plus serré...
Je me sens déprimée. Je pense à papa. À sa douleur. (J’ai lu il y a peu quelle était la différence entre souffrance et douleur mais je ne m’en rappelle pas.) Aujourd’hui, je vais simplement aller à la Poste déposer mon Closet. Éventuellement m’acheter des clémentines. Et puis c’est tout. Je resterai chez moi pour lire, écrire, déprimer et aussi disuter avec Margot, qui m’apelle plus tard dans la journée. J’appelerai papa en fin de journée. Il en saura peut-être plus.
Hier, j’ai passé une journée merveilleuse avec Artémis. On est allé à Plan de Campagne (je n’y avais encore jamais mis les pieds) faire des courses. On a passé notre temps à rire. (putain, sur 3 ligne j’ai réussi à écrire 3 fois le mois journée, je suis vraiment fatiguée...) On s’est entraîné mutuellement dans des achats compulsifs de choses plus ou moins inutiles, mais tellement réconfortantes. La palme est décernée, en ce qui me concerne, à un serre-tête de Noël orné de deux jolies bois de cerfs, bien évidemment dorés et pailletés. En revanche, j’ai trouvé chez Cultura un livre d’occasion dont la couverture m’a tout de suite parlée : Villa Amalia, de Pascal Quignard. (Comme si je n’avais pas assez de livres, après, entre autres, ma razzia à la librairie Maupetit lundi dernier.) J’ai ouvert le livre, et la mise en page, l’écriture simple, l’ambiance que j’ai pu y déceler… Tout cela m’a complétement attiré.
Nous sommes allés chez Truffaut pour que j’achète de la litière pour Jacky (je vais le récupérer à Paris le 25 novembre). Au rayon animalerie, il y avait, bien évidemment, pleins de pauvres petits animaux en cage, qui ne voient jamais la lumière du jour… Des oiseaux aussi. Notament deux magnifiques spécimens noir et jaune qui chantent d’une manière mélancolique et presque surnaturelle. Une sorte de sifflement de l’infra-monde. Comme issu des gardiens qui protègent les portes entre le monde des vivants et celui des trépassés. Je ne connais pas l’espèce. Tout cela m’a brisé le coeur. Je voudrais avoir le courage d’entrer une nuit, clandestinement, dans cette triste ménagerie, et d’ouvrir toutes les cages. Je rendrais aux oiseaux leurs liberté ! Bien sûr, j’aurais le superpouvoir de les renvoyer chacun dans leur pays d’origine sans que leur imprégnation humaine ne les affecte en rien. En ce qui concerne les petits mammifères, je les emmerais des dans des refuges dédiés, où des gens bienveillants prendraient bien soin d’eux. Les poissons retourneraient nager dans les eaux diverses auxquelles ils appartiennent et les reptiles retrouveraient leurs jungles et leurs déserts comme si rien de ce cauchemar n’était jamais arrivé. Et parmi les reptiles, il y avait, seul dans un triste vivarium, un iguane albinos. (Prix de vente, 995 euros). Il se tenait endormi, ou du moins les yeux fermés, sur une pauvre branche, tentative lamentable d’imitation d’une jungle centre-américaine. Pour bassin, une litière de chat en plastique remplie d’eau. (Voilà, je pleure rien qu’en écrivant cela). Cet iguane m’a serré le coeur. Les êtres depeuplés de leurs terres me ravagent. Un exil comme tant d’autres. Un arrachement. Si j’avais eu 995 euros pour lui, je l’aurai acheté et ramené dans sa forêt.
Il pleut.
J’ai mal au dos.
J’espère que mes règles vont enfin arriver. Elles me manquent. Je me sens vieille.
Hier soir, après notre journée shopping, nous sommes allés boire une bière dans l’un de ces énormes restaurant typiques des zones commerciales/industrielles. Je me souviens que le coucher de soleil était phénoménal. Notre serveur était un tout jeune homme d’origine antillaise (né là bas d’ailleurs, car il avait l’accent). Il m’a rappelé Papillon… Il était chou et Artémis m’a dit d’aller lui donner mon numéro. Avec une pinte dans le nez, j’ai osé le faire. Il avait fini son service et il fumait sa clope en buvant une bière sur la terrasse. Au prétexte d’aller chercher quelque-chose dans la voiture ( je n’ai rien trouvé de plus crédible qu’un livre de cuisine) je suis passé et lui ai glissé mon numéro écrit sur un bout de papier dans la main. Bien évidemment le gonz ne m’a pas écrit. Olala, j’ai du passer pour une vieille cougar !
Bon, j’arrête là pour ce matin. Il faut que je prenne aussi le temps de relater les 3 jours que Lou a passé chez moi du 30 octobre au 2 novembre. C’était intense émotionnellement. On se connait tellement…