Luz y Sombra

La cuisine juive marocaine

Je ne suis apparemment (selon 4 tests de grossesse) pas enceinte de Yassine. C’est un soulagement. Mon retard de règles et mon ventre un peu balloné doivent provenir de l’arrêt de la pilule et des déreglements induits par ce truc aux hormones de merde.
Je sens que l’automne est là, ça y’est. Et ça me démoralise. Comme Y me l’a écrit hier, réagissant à une story Instagram concernant mon état déprimé, je suis de l’été. Et c’est vrai. Je déteste l’hiver. Et bien que j’aime l’automne, j’aime seulement son commencement. Ensuite, quand il sombre dans le gris et le terne, il ne me séduit plus du tout. Surtout ici ! Marseille est une ville du soleil et de l’été indien. Comme moi. Je voudrais pouvoir hiberner et me réveiller en avril.
Je suis très inquiète pour Papillon. J’ai même peur. Une peur profonde, nauséeuse, qui me fatigue depuis quelques jours. Il aurait une maladie auto-immune. Son médecin a détécté dans son sang des anti-corps contre une maladie auto-immune. Ce qui expliquerait ses symptomes de perte de sensibilité corporelle et de fatigue extrême. Il doit passer une IRM cérébral. Je suis terrifié. Affolée. Même si mes proches me rassurent, qu’ils affirment qu’une maladie auto-immune n’est en rien synonyme de mort. Moi, c’est à la mort que je pense.
Je suis très inquiète pour mon père. Il doit passer une scintigraphie de la colonne vertébrale aujourd’hui suite à de grosses douleurs qui le terrassent et à des excroissances sur les vertèbres qui le font souffrir. On pense à de l’arthrose. Et à cela il n’est rien à faire. Je l’ai senti triste, préocupé, quand je l’ai eu au téléphone vendredi dernier. Il souffre de beaucoup de maux et là, je trouve, ça fait beaucoup pour un seul homme. Cette fois encore, j’ai pensé à sa mort. Et cette pensée me paralyse de terreur. Je n’ai plus que lui. Et je suis loin. Loin de tout le monde.
Je suis tellement reconnaissante d’avoir ici Artémis dans ma vie. Qui aurait cru qu’une manager devienne une amie si chère à mon coeur. Avec elle je ris. De ces rires libérateurs, tsunamiques, qui musclent mes abdos autant qu’il me remplissent de joie. Que reste-t-il de le joie ? Quand je me penche sur le monde, je la vois se dissoudre. Mais pas chez moi. Bizarement, pas chez moi. Je crois que ma joie et mon intensité font peur aux faibles. À beaucoup d’hommes en somme. Je suis abasourdie par la médocrité des hommes autour de moi. D’ailleurs, rien n’a pénétrè mon vagin depuis plus d’un mois. Depuis Yassine. Dont je ne sais même pas quand il va revenir de son Oran natal. Et même lui, malgré l’inteligence aiguë, malgré l’humour ravageur, malgré la finesse dentelée de son esprit, malgré sa peau douce, ses yeux ardents, ses cheveux noirs et soyeux, ses mains magnifiques, sa bite parfaite, malgré tout ça, il est comme les autres. Un filou qui garde des femmes de qualité en réserve car ça le valorise. Mais qui semble incapable de leur offrir autre chose que de belles paroles bien tournées, de belles projections. Malgré tout, quand on fait l’amour au téléphone (la dernière fois c’était lundi soir dernier), il me fait jouir avec sa voix. Mais je ne suis pas dupe : il y en a d’autres que moi. Je sais (pourtant) qu’il admire profondément ce que j’écris. Ça lui parle beaucoup. C’est d’ailleurs grâce à mes poèmes qu’on s’est rencontré. Et moi, comme je suis une idiode vendue à l’amour, je l’aide comme je peux en essayant de lui trouver des offres d’emplois afin qu’il otbtienne un contrat de travail et une carte de séjour. Mes amies me disent que je lui donne trop de place, beaucoup trop de place, et que je m’oublie. J’oublie de me donner l’importance que je mérite. Au moins, j’en ai conscience.
De toute façon, il n' y a que Papillon que j’estime à ma hauteur.

J’arrive au bout, je crois, de mon recueil de poèmes. (Angie m’a appris le mot en espagnol pour recueil de poèmes : on dit poemario. Je trouve ça absolument superbe. Aussi beau, par exemple, que le mot murmuration.)
Dans mon recueil donc, il y a un poème qui parle de ma grand-mère et d’un livre qui trônait chez elle, intitulé La cuisine juive marocaine. Actuellement, je lis le premier roman d’un jeune auteur d’origine juive marocaine, Tout le bruit du Guéliz (rentrée littéraire 2024) Dans son récit, dédié à sa grand-mère vivant à Marrakech, il évoque à un moment un livre, quasi-sacré, qui trône dans la cuisine de cette dernière. De la façon dont il a tourné ce passage, on s’attend à ce qu’il évoque la Thora, mais non. C’est du Livre de le cuisine juive marocaine dont il parle… Et en lisant, je l’ai deviné avant de le voir écrit. Je l’ai senti. Et cela m’a fait tout drôle. Comme un signe, un message (de ...) que oui, mon poemario sera publié.