Flamme Olympique
De la confiture à des cochons
En ce jour de la Fête de la Victoire, des check-points à chaque croisement dans le quartier du Vieux Port et de la Canebière. Des check-points où l’on sépare les hommes des femmes. Des fumigènes et des oiseaux affolés. Paniqués. Des avions qui assombrissent le ciel. Des militaires. Des CRS. Des policiers. Des camions de pompiers. Leurs sirènes qui hurlent. Des pickpockets. Une foule monstrueuse. Des gens pas finis qui bousculent les autres. Il régnait aujourd’hui une ambiance apocalyptique, voire dystopique, dans les rues de Marseille.
Au loin, derrière la gigantesque scène destinée à accueillir un soit disant concert, j’ai aperçu les mâts immenses du Belem qui mouillait dans le port. Dans d’autres circonstances, j’aurai adoré m’approcher, le contempler, m’imaginer des conquêtes de bout du Monde. Mais ce soir, en sortant du travail (où j’ai réussi à faire une erreur de caisse de 90 euros), j’ai frôlé la crise d’angoisse. Les oiseaux en détresse tout d’abord, m’ont fait très mal au coeur. Le bruit des avions. La queue agressive pour passer les check-points. Cette séparation absurde entre les hommes et les femmes. J’avais cette impression d’irréalité. Cette impression suffocante de me tenir en marge de la réalité. D’avoir une vision aigüe que quelque-chose n’allait pas, clochait. D’avoir la conscience aigüe que tout ça c’est du vent. Une mascarade. Une parodie de fête. De la confiture à des cochons. D’avoir la conscience aigüe que c’est un avant goût de la guerre qui approche.
Il m’a été totalement impossible de prendre part aux réjouissances. Se réjouir de quoi ? Des parades militaires ? De notre abrutissement ?Joie de façade. Façade lézardée.
Tout le monde se dirigeait vers le port, je marchais dans le sens contraire. La poitrine rétrécie. Les poumons contractés. (À l’heure où j’écris, des sirènes hurlent, et j’ai le sentiment que c’est une musique à laquelle il faudra nous habituer.)
Fête de la défaite.
Hier, en rentrant de chez Ismaël, avec un monsieur nous sommes venus en aide à une petite perruche blessée. Je raconterai ça demain. Pour l’heure je me sens stressée, je vais me coucher sans même me doucher, avec le tome 3 de la saga des Cazalet que j’ai acheté aujourd’hui à la librairie de la Bourse.