Luz y Sombra

Irrésolue

Hier soir, nous avons eu notre première (je ne sais comment le qualifier autrement) prise de tête avec Ismaël. Au téléphone. De façon confuse et avec une sous-teinte de rapport de force. Je n’ai pas envie de le relater maintenant.
Là je suis sur mon balcon. Je dois rester dehors car le monsieur est passé ce midi pour traiter mes problèmes de cafards et je ne peux pas encore rentrer. Les deux heures durant lesquelles mon appartement est resté fermé afin que le produit fasse effet, je les ai utilisés pour aller voir Ismaël à son travail afin qu’on éclaircisse les choses. Je n’avais pas la patience d’attendre ce soir. On a bu un thé. On a parlé. Ça va mieux. Les raisons de cette prise de tête, que j’ai décortiqué avec Fany et So (dont je n’ai pas encore le point de vu), m’apparaissent aujourd’hui plus mignonnes qu’autre chose. Tandis qu’hier soir j’analysais tout cela d’une manière très sombre. Fany m’a dit qu’en un sens, c’était très mignon en effet car cela prouvait à quel point il avait craqué sur moi et à quel point il avait envie de s’investir et de construire avec moi. On n’en est vraiment pas au même stade lui et moi. Et il le sent.
Enfin si, So m’a dit une chose concernant tout ça, elle m’a dit qu’à la lumière de ma rupture avec Papillon, de même qu’à la lumière de sa rupture avec le père de sa fille, les histoires d’amour que nous sommes en train de vivre actuellement sont des exercices. Elle a dit ça : exercices.
C’est terrible, une partie de moi veut retourner à Paris, prendre Papillon dans ses bras, lui dire que tout va s’arranger, qu’on va tout recommencer et que cette fois, on saura s’aimer bien et se rendre heureux. Et l’autre partie de moi veut rester ici et tenter l’histoire d’amour avec Ismaël. Pourquoi c’est si compliqué ? Dans les deux cas, j’ai l’impression que je m’enferme. Je voudrais pouvoir partir en voyage seule, loin, dans le silence et l’extrême légèreté. Je voudrais. Mais le temps défile. Et : je reste là, à la lisière. Entre deux eaux.
Hier soir, je voulais vraiment rentrer. Retrouver ma vie d’avant, mon indépendance, mon chiffre d’affaire confortable, mes soirées entre amies, mes cinémas, mes restaurants, mes théâtres, mes soirées canapé avec Papillon, mon lit et mon chat, mon confort de vie tout simple, mon école d’écriture, mon quartier latin, mon MK2 quai de Seine, mes librairies ésotériques, mes lectures de poésie, mes longues vacances de meuf free-lance en Vendée au bord de la mer chez mon papa.
Mais j’ai choisi Marseille, un studio, la précarité financière, l’absence de perspective de voyage, une relation plus sérieuse que ce que j’espérais avec un homme qui me balance mon immaturité et mon inconstance à la face.
Mon irrésolution.
Je me sens irrésolue.